Bonne année d’abord à vous!
Que 2012 soit bon et fécond et amorce des changements réels, différents que ceux que nous prédisent ces oiseaux de malheur ( ces vestales du marché) qui construisent des châteaux en Espagne et font semblant ensuite qu’ils n’y sont pour rien et mettent le bonnet d’âne aux autres et aux vilains petits cochons ( pigs) dont fait partie justement l’Espagne! J’arrête car je sens que je vais m’énerver!
Ceci dit, les débuts d’année sont aux aussi le temps des résolutions. J’en ai pris d’eux que je vous confie en espérant pouvoir les tenir. La première est de reprendre le footing que je ne pratique plus depuis quinze ans. J’ai commencé ce matin à petit trot. C’est un concours de circonstances qui m’y a conduit : la fermeture de la piscine près de chez-moi pour travaux et la lecture du livre « Autoportrait de l’auteur en coureur de fond » d’Haruki Murakami. J’aime cet auteur et le ton simple et direct qu’il a : il va à l’essentiel sans l’air d’y toucher. J’ai lu une bonne moitié de ses romans. Il a la manière de susciter la curiosité du lecteur page après page comme un joggeur qui met un pied devant l’autre jusqu’à la fin de la course. D’où la comparaison toujours haletante entre le coureur de fond et l’écrivain. Pour écrire selon l’auteur de Kafka sur le rivage il faut trois qualités essentielles : le talent, la concentration et la ténacité. Je ne sais pas si j’ai la première mais pour les deux autres sont autant de vertus qu’il faut savoir conjuguer dans la vie de tous les jours.
METTRE A JOUR CE BLOGUE
Une belle méditation en perspective qui me conduit à ma deuxième résolution : nourrir directement en ligne mon blogue et ce, de façon régulière. Dans ce cas , c’est un autre livre qui m’y a poussé. Il s’intitule » Après le livre » de François Bon publié aux éditions du Seuil. C’est une révélation. Pourquoi ? Parce qu’il m’a fait découvrir ce que je pratiquais sans le savoir, comme des milliers d’autres personnes, les nouvelles technologies. Certes ce n’est pas la première fois que l’on écrit sur les pratiques et usages numériques ( j’ai d’ailleurs été associé à des colloques à cet égard) mais c’est sans doute le premier auteur qui le fait sur le ton de la conversation, à hauteur d’homme, sans nous assommer par le jargon. Et cela c’est vraiment rafraîchissant pour ne pas dire nouveau. Du coup, j’ai découvert que j’étais moi-même et sans être ingénieur informaticien, un « homo numericus » et cela depuis plus de vingt cinq ans. En fait depuis que j’ai eu le coup de foudre pour mon premier ordinateur.
C’était au printemps 1984. Il faisait beau. J’habitais alors Montréal. Un jour j’ai vu dans la vitrine d’une boutique informatique, rue de de Maisonneuve tout près du grand magasin Dupuis Frères, un Macintosh 128. Moi qui suis assez réservé et à des années lumière d’être un « techno geek », je n’ai pas hésité. J’ai cassé ma tirelire. 4500$ que cela m’a coûté. Une fortune pour l’époque et encore aujourd’hui ! En fait si j’avais su comment dactylographier sans faire de fautes, la petite boîte à la tête de pioche n’aurait pas exercé sur moi la même magie. Je dois dire que la technologie a suppléé à mes carences techniques (dactylo ou informatique).
Ce faisant, je me trouvais le premier de mon groupe d’amis et de connaissances doté d’un ordinateur. On pouvait alors à peine enregistrer une page A4. Mais cela me suffisait. En la pratiquant, j’avais l’illusion d’écrire davantage -je l’ai toujours d’ailleurs!- ou de façon plus libre. C’est sur le mac que j’ai écris mes articles pour Vice Versa, la revue qu’ on venait de fonder avec un groupe de copains et qui exerça une influence non négligeable, pas seulement a Quebec mais aussi dans le reste du Canada seize ans durant. La part numérique dans la fabrication de la revue y était encore congrue . Mon frère Gianni qui en était le directeur artistique s’était certes servi de mon Mac pour créer des dessins numérique pour ses couvertures mais c’était tout. Mais les choses en sous main évoluaient rapidement. Je n’ai pas tardé à « upgrader » mon Mac pour passer à 512 K. J’avais déjà plus de confort même si la perte de données pouvait survenir à tout moment . Que de sueurs froides ressenties ! Qui ne les pas connues. Que d’heurs passées à comprendre ces pannes aussi fulminantes que passagères.
Après avoir émigré en France , j’ai saisi la balle au bond pour créer sans le savoir un premier site de syndication pour la presse. En fait c’était un site de revente de droits d’articles de presse appelé French press Syndicate. C’était en 1995 . Déjà les éditeurs de journaux se méfiaient comme la peste de ces TICs qui venait bouleverser la hiérarchie interne à l’intérieur de la rédaction. L’aventure de FPS a tourné court. Il fallait convaincre les grands éditeurs français de mes confier leurs droits plutôt qu’aux compétiteurs anglo-américains. Ce qui était peut-être compréhensible mais pas vraiment logique surtout lorsque les compétiteurs s’appellent New York Times, ou le Los Angeles Times. Cela m’a permis de comprendre comment fonctionnait la presse hexagonale et d’apprécier la place qu’ils s’accordaient sur ce segment influent du marché de l’information mondialisée que constitue la distribution d’articles. Car, comme dit le vieil adage » Dis-moi qui te distribue et je te dirai qui tu es » J’en ai tire un article Enjeux et perspectives de la syndication en France publié naguère dans MédiasPouvoirs (premier trimestre 198, no 2).
Dans le même mouvement, je me suis intéressé à la cybersexualité dont j’avais pu répérer les galipettes en tant que journaliste dédié à la veille de la presse étrangère au sein d’un newsmagazine de la gauche dite caviar. C’est le sujet qu’avait accroché non sans raison l’éditeur d’Arléa qui me commanda un livre à ce propos. Mais là encore, c’est un texte qui arrivait trop tôt alors que les Français découvraient à peine Internet. Les connexions dangereuses , publiés dès 1995, restèrent sur les rayons.
La fin d’une époque?
J’ai l’air de me plaindre ? Non, si j’écris cela c’est pour comprendre. Avec le recul du temps je m’aperçois que ces initiatives éditoriales demeuraient encore trop liées au support imprimé alors qu’elles s’en démarqueient ; elles se situaient précisément en rupture, à leur frontière et que le lectorat qui auraient pus s’en saisir ne s’y trouvait pas encore. Une meilleure maîtrise et connaissance de l’environnement numérique m’aurait conduit à investir davantage l’espace numérique et son économie naissante. C’est ce que fait François Bon qui tout en demeurant un littéraire, explore et travaille ce nouvel environnement pour y extraire la « substantifique moëlle » pour citer un maître en la matière. Et cela rend sa démarche d’autant plus fascinante. Elle est à la fois visible et invisible car une technologie qui s’impose finit par absorber les règles et procédures des technologies précédentes (c’est la grande leçon de McLuhan) pour ensuite devenir invisible. D’ailleurs ce ancien professeur de littérature élisabéthaine ne disait-il pas que l’ordinateur est l’extension du cerveau ? Or c’est précisément ce qu’illustre le bouquin de Bon : soit les processus mentaux qui nous conduisent à créer -aujourd’hui comme naguère. L’invention de l’écriture puis de la plume d’oie et l’imprimerie avaient permis d’approfondir la connaissance des mécanismes de la pensée. Ce n’est pas rien. C’est pourquoi il convient de lire Après le livre, sorte de chant du cygne d’une époque déjà révolue mais qui annonce par ailleurs de nouvelles Amériques à découvrir. Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Vous pardonnerez les fautes et coquilles que je n’ai pu voir. Car j’ai pris le parti d’écrire directement sur ce blogue. Là encore une expérience sans filet.