Nick Palazzo était un jeune peintre canadien autodidacte emporté par le Sida à 30 ans. J’avais eu l’occasion de le rencontrer pour la revue ViceVersa alors qu’il travaillait pour la supérette familiale. Entre deux clients, il croquait un geste, une attitude d’une personne, l’angle d’un paysage urbain de ce centre commercial de la grande banlieue de Montréal. Sa peinture était à la fois très personnelle tout en étant universelle. Si on y trouve des ressemblances avec Bacon ou alors avec Dali, c’est dans la manière où il déconstruit l’Imago en la rendant à son origine : celle du masque de la mort. D’où la mélancolie palpable dans toutes ses toiles : plus de 300 toiles. Se sachant condamné, il aura capté comme personne une certaine américanité telle qu’elle s’est donnée à voir durant ces années sida qui furent aussi, on l’oublie souvent, un grand moment de créativité. Nick Palazzo l’avait bien compris. Malgré sa maladie, il a capturé en petit format (18 po x 14 po) ces instantanés de la vie montréalaise : les corps nus, abandonnés de ses amants et cette lumière du nord incroyablement intense qui écrase de tout son poids le paysage urbain. L’article que j’avais alors écrit a été intégré dans « Painting Moments, Art, AIDS and Nick Palazzo (Guernica Editions, 1998). C’est un livre que lui a consacré Mary Melfi et qu’elle a ensuite adapté en pièce de théâtre de théâtre. Une de ses lectrices a alerté l’archiviste de Visual AIDS dédié aux artistes morts du sida et constitue une formidable mémoire de cette période.
Agatha DeSantis, rédactrice en chef et productrice de cinéma, entend lui consacrer un documentaire. Car depuis sa mort aucune galerie ne lui a consacré l’exposition qu’il mérite.