Quelle est la différence entre la critique journalistique et la critique académique et comment l’une et l’autre s’y prennent-elles pour attirer l’attention sur le texte qu’elles commentent ? Ce sont les questions posées en filigrane dans l’excellente table ronde proposée par le Pen club français, cercle littéraire international, à Paris ce mercredi 5 avril. Animée par Monique Calinon et Antoine Spire cette rencontre a permis d’en préciser les enjeux au moment où l’IA risque de chambouler tant la chaîne du livre que l’exercice même de cette critique. Philippe Bordas, prix de la critique du Pen club, et spécialiste du grand écrivain italien Emilio Gadda y a déploré d’emblée la « désolante évacuation de l’épaisseur du langage » et la dictature du thème. Patrick Tudoret, auteur de « l’écrivain sacrifié » a souligné la stérilisation de l’espace littéraire par les dérives d’un savoir marxo-structuraliste des années 80. Pour sa part, Nathalie Heinich (dont on attend avec curiosité un essai sur le wokisme), a établi un inventaire en dix points sur les différences entre l’un et l’autre. Parmi ces différences, notons celles liées à la nature de la critique (axée sur le goût pour le journaliste et sur la valeur pour le chercheur ), le contexte , le support et la cible. Enfin Mohammed Aïssaoui, critique au Figaro littéraire, a expliqué le patient travail de fourmi du critique journalistique pour imposer une littérature peu visible tout en en rappelant que le passerelle entre l’une et l’autre demeure encore possible. Et de rappeler la page offerte naguère par « Le Figaro » à l’universitaire feu Marc Fumaroli du Collège de France. Cet échange a eu la vertu de révéler le grand absent de la critique actuelle : l’écrivain.
Cette mise au point, est bienvenue. Elle a la vertu d’éclairer le périmètre de l’un et de l’autre. Clarification qui s’inscrit dans le droit fil de la grande tradition : les Poulet, Starobinsky, max-Paul Fouchet mais aussi plus particulièrement Pierre Bourdieu ou de la médiologie de Régis Debray sur le pouvoir intellectuel en France. Le temps a manqué pour approfondir le distinguo entre « le goût » et « la valeur » qui aurait mérité en soi tout un débat. Car si ces notions peuvent servir à analyser les différences, elles sont également permutables entre elles : le goût est une valeur et vice versa.
Cette photographie de la critique reste, somme toute, incomplète si on ne la met pas en perspective avec la transformation accélérée de la chaîne du livre sous la double pression des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle. Cette dernière, en particulier, s’attaque au coeur même de la machine critique : la dissertation. Vous voulez un exemple. En voici un tiré directement de chat GPT à qui j’ai demandé d’écrire un texte de 500 mots en développant quatre arguments pour attirer l’attention aujourd’hui dans notre monde numérique…
Dans notre monde numérique actuel, il est facile de se perdre dans le flot continu d’informations et de distractions en ligne. Pourtant, il est important de se rappeler que notre utilisation des technologies numériques peut avoir des conséquences profondes sur notre bien-être, notre vie privée, notre capacité à communiquer efficacement et notre avenir collectif en tant que société. Voici quatre arguments pour attirer l’attention sur ces questions et pour encourager une utilisation plus consciente et responsable de la technologie numérique.
Premièrement, l’utilisation excessive des technologies numériques peut avoir des effets négatifs sur notre bien-être mental et physique. De nombreuses études ont montré que passer trop de temps sur les réseaux sociaux, les jeux en ligne ou d’autres activités en ligne peut entraîner une augmentation de l’anxiété, de la dépression, de l’isolement social et de la sédentarité. Il est donc important de prendre des pauses régulières de la technologie, de s’engager dans des activités physiques et sociales en personne, et de rechercher un équilibre sain entre la vie en ligne et hors ligne.
Deuxièmement, l’utilisation des technologies numériques peut compromettre notre vie privée et notre sécurité en ligne. Les entreprises technologiques collectent souvent des quantités massives de données sur nos habitudes en ligne, ce qui peut être utilisé à des fins publicitaires, mais également pour surveiller nos activités et nos préférences. En outre, les pirates informatiques peuvent facilement accéder à nos données personnelles et financières si nous ne prenons pas les précautions nécessaires pour protéger nos comptes en ligne. Il est donc important d’utiliser des mots de passe forts, de limiter la quantité de données personnelles que nous partageons en ligne, et de prendre des mesures de sécurité pour protéger nos appareils et nos comptes en ligne.
Troisièmement, l’utilisation excessive des technologies numériques peut entraver notre capacité à communiquer efficacement avec les autres en personne. Les réseaux sociaux et les applications de messagerie peuvent sembler offrir des moyens pratiques de rester en contact avec les amis et la famille, mais ils peuvent également réduire la qualité et la profondeur de nos interactions en personne. Il est donc important de passer du temps en face à face avec les autres, de pratiquer l’empathie et l’écoute active, et de rechercher des moyens créatifs et significatifs de communiquer et de se connecter avec les autres.
Enfin, l’utilisation de la technologie numérique peut avoir des conséquences profondes sur notre avenir collectif en tant que société. Les technologies telles que l’intelligence artificielle, la robotique et l’automatisation sont en train de changer radicalement la nature du travail et de l’économie, ce qui peut entraîner des perturbations économiques et sociales importantes pour les travailleurs et les communautés. En outre, les technologies numériques ont des conséquences environnementales importantes, notamment en termes de consommation d’énergie et d’émissions de carbone. Il est donc important de s’engager dans des débats et des décisions éclairés sur la manière dont nous utilisons et réglementons la technologie, afin de garantir que ses avantages sont équitablement répartis
A bon entendeur… salut !