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« Christiane In The Sky With Colors »

L’an dernier à la veille de Noël disparaissait Christiane Apprieux. Elle avait soixante ans. Son parcours artistique peu connu mérite pourtant le détour. C’est un chemin sinueux jalonné très tôt de longs dépaysements, d’abandons mais aussi de rencontres lumineuses et de combats intérieurs, comme autant d’étapes vers la conquête de la forme et de la couleur.

J’ai connu Christiane à Paris à la fin des années 80 avec son compagnon Giancarlo Calciolari qui deviendra son mari. Ils vivaient au cœur de la capitale. À l’époque, elle n’avait pas encore manifesté son talent artistique. C’est à la villa San Carlo Borromeo de Milan en 1997 qu’elle s’engage dans cette voie, m’apprend une note très complète que lui consacre son mari et à laquelle je vous réfère pour sa biographie.

Ce qui m’a intéressé chez elle c’est la recherche de la couleur. Tout artiste y est engagé, me direz-vous. Mais pour Christiane cette quête se manifeste dans cette sorte d’élan vital qui la conduit à exprimer l’élémentaire : le bouillon originel. L’image ne manque pas de sel, j’en conviens, pour Christiane qui travailla dans les métiers de bouche avant de se consacrer entièrement à son art. Filons donc cette métaphore. Ce serait en quelque sorte des « food for thoughts » qu’elle nous propose, comme disent les Anglo-saxons.

Voyez cette palette multicolore avec ces coups de spatules. Le bleu de l’eau percute le tableau et s’y écrase en jets vigoureux comme sur une terre vierge et tumultueuse où la séparation des eaux n’est pas encore advenue. Dans un autre tableau qui fait partie d’un catalogue intitulé « la bataille des images », ces sont des cascades de couleurs qui surgissent hors de la toile tandis que dans sa partie gauche on y décèle des silhouettes dansantes tendant leurs bras en arcs.

Et décidément tout est danse dans son univers rougeoyant du premier brasier et du premier bivouac. Il y a encore ce tournesol, figé dans sa végétale éternité alors qu’autour de lui tournoient des spirales rouge vif. C’est aussi cette sensation des origines que l’on retrouve dans cette autre toile sans titre comme un cliché du cosmos primordial juste avant que la double hélice génétique ne l’emporte vers la grande roue du temps. Matière et cosmos se trouvent ainsi confrontés permettant à la forme de se frayer un chemin vers son avènement. On la voit alors surgir, bloc de bronze ou fine dentelle, sous toutes sortes de matières : peintures sur toile, panneau, plâtre, terre cuite, bronze, émail. À travers ces supports, se dessinent les formes d’un alphabet en mesure de nommer enfin l’impalpable : le nom perdu et retrouvé.La partie terrestre, visible de ce parcours  s’est achevée à la veille de la nativité 2022. Tout un symbole. La partie invisible peut désormais commencer.

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Si vous voulez mieux connaître son travail, je vous renvoie à ces livres ou au catalogue de ses expositions je vous invite à vous référer au site de transfinito.it

« Christiane In The Sky With Colors »

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