La crise sanitaire du coronavirus, révèle, de manière apocalyptique (au sens de révélation) , la nécessité de penser l’au delà de l’État-Nation pour faire face aux défis écologiques, sociaux et sanitaires de notre époque. L’ennui c’est que l’État est tout à la fois la solution et le problème Solution parce que enfin il permet de redéployer l’autorité de la puissance publique pour la défense de l’intérêt général ; problème parce que dans le même mouvement il défend justement ses intérêts nationaux au détriment de l’intérêt supérieur de l’humanité. C’est ainsi qu’on a vu les états gérer la crise sanitaire en ordre dispersé , se concurrençant à qui mieux mieux pour obtenir les fournitures sanitaires et retenir l’information essentielles qui aurait pu nuire à son image . C’est par la suite seulement que certains d’entre eux ont accepté de soutenir leurs voisins sans pour autant que cette solidarité soit dépourvue d’arrière-pensées géopolitiques. Grandeur et fragilité des états modernes où sont mises en lumière la souverainetéqui en constitue le réacteur politique et l’universalitéson avers philosophique . Souveraineté et universalité constituent les deux facettes, les deux pôles complémentaires de l’Etat-nation né des révolutions du XVIIIe siècle.
Ce n’est pas un hasard si on les retrouve dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen ; car les droits individuels prolongent logiquement les droits collectifs garantis par cette nouvelle entité – l’état-nation- qui transforme les hommes , nés égaux en droits, en citoyens. L’assujettissement des droits de l’homme à l’intérieur du périmètre d’un état national censé les garantir ne vas pas de soi . Tout au long de son histoire il a donné lieu à des dérives génocidaires et concentrationnaires dont la Shoah en a été l’apocalypse, toujours entendu ici comme révélation. Et que nous révèle-ton de si évident comme les habits neuf de l’empereur sinon notre « vie nue » réduite à son dépouillement élémentaire, biologique. C’est le biopouvoir dont s’est saisi la philosophie politique avec des penseurs comme Michel Foucault, Gilles Deleuze, Giorgio Agamben.
Aujourd’hui cette crise sanitaire planétaire amplifiée par les médias et les réseaux sociaux ous en donne une nouvelle illustration, certes moins tragique mais tout aussi édifiante et dramatique. C’est à cette intersection que se situe pour moi la réflexion sur l’état-culture
Pourquoi cette nouvelle conception de l’état, me direz-vous ? Ne suffit-il pas de continuer à propager la démocratie , qui est se répand malgré tout, et ceci afin d’éviter que les états se renferment sur eux-mêmes ou sur une ethnie, une caste ou une religion en particulier comme on le voit en Inde ou en Birmanie ? Bien sûr mais encore faut-il qu’ à la tête des États il puisse y avoir des femmes et des hommes partageant ces valeurs dans un contexte multilatéral bien compris. Or la lutte idéologique qui hier encore confrontait deux blocs ( le camps de la liberté et le camp de de la justice sociale) s’est disséminée, généralisée, amplifiée par les nouveaux médias.
Et qui plus est , le principe de l’universalité est contesté par les tenants d’une pensée coloniale racialisée qui voit dans l’universalité les ressorts néocoloniaux toujours actifs pour dominer les peuples des anciennes colonies
Quant à la souveraineté, elle est battue en brèche autant par le Marché avec ses grands groupes transnationaux que par une foultitude de groupes particuliers qui s’en servent pour défendre leurs intérêts spécifiques .
A bon entendeur salut .